Accueil Société Ensauvagement et crise sociétale: Pourquoi en est-on arrivés là ?

Ensauvagement et crise sociétale: Pourquoi en est-on arrivés là ?

Déjà, dans ces mêmes colonnes, en 2021, nous avions tiré la sonnette d’alarme. Notre société est «entrée dans une ère d’ensauvagement» qui inquiète. Quant à la liberté d’expression, de comportement, d’agissements inconsidérés, nous en trouvons   pour tous les goûts. A quoi est donc dû ce changement radical qui semble s’emparer de nos jeunes et… moins jeunes ?

Une élève qui attaque son professeur, une lame de rasoir dans la main, au coin d’une rue on braque un taxi et on lui prend tout ce qu’il possède, une maman, qui force la porte d’une classe et qui attaque une enseignante, un parent d’un patient qui saccage une salle de soins, en signe de mécontentement, ce ne sont que des exemples que plus d’un découvre avec stupeur sur les journaux.

Agir pour prendre les choses

en main

Ces informations sont véhiculées et partagées sur les réseaux sociaux, avec des commentaires plus ou moins… fantaisistes. Nous avons rarement trouvé une étude sérieuse qui explique ou qui donne ne serait-ce qu’un début de solution.

Déjà, dans ces mêmes colonnes, en 2021, nous avions tiré la sonnette d’alarme. Notre société est «entrée dans une ère d’ensauvagement» qui inquiète. Quant à la liberté d’expression, de comportement, d’agissements inconsidérés, nous en trouvons pour tous les goûts. A quoi est donc dû ce changement radical qui semble s’emparer de nos jeunes et… moins jeunes ?

Depuis une dizaine d’années déjà, toute une frange de notre société s’est laissé aspirer par cette spirale infernale, qui s’est emparée d’elle, au point d’en faire une menace sérieuse. Les services de sécurité ne mettent pas beaucoup de temps pour mettre la main sur ces délinquants. Mais ces ennemis de la société, il ne s’agit pas de se contenter de les coffrer. Agir pour les prendre en main en amont et non pas une fois leurs dossiers alourdis par leurs crimes. Le pourcentage des jeunes qui accomplissent ces actes répréhensibles est de loin supérieur à ceux que l’on communiquait.

Un laisser-aller général

Voyons ce qui se passe autour de nous. On constate immédiatement un désengagement des parents vis-à-vis de leurs enfants. C’est ainsi que bon nombre d’entre eux considèrent que le fait de leur payer des cours de soutien les libère de leurs responsabilités. La frénésie de la vie ne leur permet plus de communiquer avec leurs enfants qui se sentent libres de faire ce qu’ils veulent. Il n’y a aucune raison de voir ce qui se passe dans les feuilletons. Les médias, les réseaux sociaux sont là pour donner les détails de ces crimes contre la société.

A l’école, il n’y a qu’à voir la tenue des élèves et des enseignants, barbe mal rasée, mégot aux lèvres, cheveux en débandade, c’est courant chez l’enseignant. Espérons que cela changera. Côté élève, le jean déchiré, tongs en guise de chaussures, des ongles noirs de saleté, sans compter le langage trivial qui fait rire aux éclats.

D’un côté comme de l’autre, c’est la démission et le laisser- aller qui s’installent. Aussi bien les élèves que leurs enseignants sont contents des grèves qui réduisent considérablement l’année scolaire. Les cours perdus sont des cours perdus, n’en déplaise à ceux qui pensent que ces cours de rattrapage peuvent compenser ce qui est perdu.

Un vieil enseignant, rencontré du côté du bureau régional des retraités de l’Ariana, n’y va pas par quatre chemins : «Lorsque nous avons près d’un million de gosses qui abandonnent l’école, que pour un oui ou pour un non c’est la grève et les enfants dans la rue, que l’on a des heures creuses à satiété rien que pour “arranger” les affaires de l’enseignant, que les parents s’inquiètent de tout sauf de la situation de leurs enfants, que l’école publique a rendu l’âme et que l’on cherche maintenant à la redresser, que l’on a engagé durant dix ans des enseignants aux faux diplômes, que les notes sont en concordance avec les cours particuliers et bien des choses encore, il n’y a pas à se poser beaucoup de questions».

Un de ses anciens collègues a pris le train en marche : «Il est raisonnable de se demander si nous méritons cette démocratie, alors que l’impunité gagne du terrain, que le désordre est partout, que l’on confond liberté et licence». Voilà la situation. Elle n’a rien de resplendissante, mais ce n’est point une raison de baisser les bras. Avec un retour aux sources, qui mettrait en exergue les rôles de chacune des parties prenantes de cette reprise en main, la situation pourrait être redressée. Il n’en demeure pas moins que le mode de société que nous aurions à choisir y sera pour beaucoup, dans l’application des dispositions à prendre.

La famille y est aussi pour beaucoup

Le Tunisien a déjà beaucoup de problèmes qui empoisonnent sa vie au quotidien. Ses déplacements, les moyens de locomotion, le renchérissement de la vie, les dettes à rembourser, les… cours particuliers qu’il est dans l’obligation d’assurer à ses enfants, le loyer s’il n’est pas propriétaire, les factures dont les montants s’amplifient d’un mois à l’autre et bien d’autres choses encore, instaurent une ambiance exécrable à la maison. Des désaccords naissent les problèmes. De ces problèmes surgissent les décisions les plus extrêmes. Et les menaces sont souvent suivies d’agressions, de divorce et d’éclatement de la cellule familiale. Le reste est facile à deviner.

Ce déchirement est souvent à la base des premiers signes d’une dislocation qui marquera à jamais les enfants. Ainsi s’explique le nombre de plus en plus croissant de nos enfants en dehors des bancs de l’école, alors qu’ils sont en âge d’être scolarisés. On tente de les reprendre en main, mais souvent la rue les accapare. Les mauvais exemples sont un peu partout. Même à la maison où feuilletons et réseaux sociaux donnent le signe de la rébellion.

A notre sens, les seuls qui pourraient accélérer un retour à une situation normale ce sont les parents, l’école, le milieu ambiant. Notre rythme de vie n’est pas en mesure de leur offrir cette chance.

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